Le Rocher sur lequel est bâtie l’Église

Matthieu 16.16-19

Introduction : La déclaration du Concile Vatican I

Le 18 juillet 1870, le Concile Vatican I a émis une déclaration d’une importance capitale pour l’Église catholique romaine :

« Par conséquent, quiconque dira que le bienheureux Apôtre Pierre ne fut pas établi par le Christ, le Seigneur, comme prince de tous les apôtres et chef visible de toute l’Église militante […], qu’il soit maudit. »

Cette déclaration s’appuie sur l’interprétation catholique romaine de Matthieu 16.18. Après que Pierre ait confessé sa foi à Césarée de Philippe, Jésus lui déclara : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. » Selon l’enseignement de l’Église catholique, cela signifie que Pierre est le fondement de l’Église. Par conséquent, il serait l’apôtre revêtu de la plus haute autorité, ayant reçu « les clés du royaume » pour lier et délier tant sur la terre que dans le ciel (Matthieu 16.19).

Pierre dans le Nouveau Testament

Son rôle de leader

Il est indéniable que Pierre a joué un rôle de premier plan dans le Nouveau Testament. Son nom apparaît 152 fois dans les Écritures, se classant en deuxième position après celui de Jésus. Dans toutes les listes des apôtres, son nom figure systématiquement en première position (Matthieu 10.1-4 ; Marc 3.14-19 ; Luc 6.13-16 ; Actes 1.13).

Ses grandes réalisations

Pierre a accompli des œuvres remarquables. Il a conduit des milliers d’âmes au salut (Actes 2.41 ; 4.4) et réalisé de grands miracles : il a guéri des boiteux et des paralytiques, et même ressuscité des morts (Actes 3.6 ; 5.15-16 ; 9.33 ; 36-41).

Ses faiblesses humaines

Cependant, la Bible révèle également le côté humain et imparfait de Pierre. Elle met en lumière plusieurs de ses faiblesses :

• Il faisait preuve d’une confiance excessive en lui-même (Luc 22.33)
• Il a renié le Seigneur à trois reprises (Luc 22.54-62)
• Il manifestait parfois une attitude trop agressive (Jean 18.10)
• Paul a dû le reprendre publiquement pour avoir agi avec dissimulation et hypocrisie (Galates 2.11-13)

La signification de son nom

Bien que la Bible mette en évidence les grandes réalisations de Pierre, elle n’a pas dissimulé ses faiblesses de caractère. Ces défauts font écho à la signification de son nom, Pierre, qui signifie « petite pierre » ou « caillou ». Cette nuance est importante : le Christ n’aurait certainement pas établi son Église sur une simple petite pierre, mais plutôt sur le ROCHER solide et inébranlable.

Qui est véritablement le Rocher ?

Jésus-Christ : la pierre vivante

Dans le Nouveau Testament, la métaphore du rocher et de la pierre s’applique à Jésus-Christ en plusieurs endroits. Pierre lui-même, inspiré par le Saint-Esprit, nous révèle que le Christ est :

• La « pierre vivante » (1 Pierre 2.4)
• La « pierre principale » (1 Pierre 2.6)
• La « pierre de l’angle » (Actes 4.11)

Le témoignage de l’Ancien Testament

Cette vérité trouve également ses racines dans l’Ancien Testament. Moïse, parlant de Dieu, a déclaré : « Il est le Rocher ; son œuvre est parfaite » (Deutéronome 32.4). L’apôtre Paul confirme cette interprétation en écrivant que « ce rocher qui les suivait était Christ » (1 Corinthiens 10.4), faisant référence à l’expérience du peuple d’Israël dans le désert.

L’unique fondement

Paul affirme clairement cette vérité fondamentale : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Corinthiens 3.11).

Bien que l’Église s’appuie sur les enseignements des apôtres et des prophètes, la « pierre principale de l’angle », c’est le Seigneur Jésus-Christ lui-même (Éphésiens 2.20-21), et non l’apôtre Pierre. Christ est le fondement unique, solide et éternel sur lequel l’Église est véritablement bâtie.

Pierre n’exerçait pas de suprématie sur les autres apôtres

Il était si évident pour les disciples que Pierre n’était pas leur chef qu’ils ont demandé à Jésus qui serait le plus grand parmi eux (Matthieu 18.1). Cette question démontre clairement qu’ils ne reconnaissaient pas Pierre comme ayant une autorité supérieure.

Les décisions collectives dans le livre des Actes

Dans le livre des Actes, les décisions n’étaient pas prises par Pierre seul, mais par « les douze » apôtres collectivement (Actes 6.1-5). Cette pratique reflète une autorité partagée plutôt qu’une hiérarchie dominée par un seul homme.

Le premier concile présidé par Jacques

Un fait particulièrement révélateur est que le premier concile de l’Église chrétienne ne fut pas présidé par Pierre, mais par Jacques (Actes 15.13). Si Pierre avait véritablement été le chef suprême de l’Église, il aurait certainement présidé cette assemblée cruciale.

L’ordre mentionné par Paul

L’apôtre Paul mentionne « Jacques, Céphas [c’est-à-dire Pierre] et Jean » comme les principaux dirigeants de l’Église (Galates 2.9), plaçant Jacques en première position. Cet ordre n’est pas anodin et suggère que Jacques occupait un rôle de premier plan.

L’absence de consensus à Corinthe

À Corinthe, certains croyants se réclamaient de Pierre, tandis que d’autres préféraient Apollos ou Paul (1 Corinthiens 1.12). Cette division démontre qu’aucun apôtre n’était universellement reconnu comme supérieur aux autres. Si Pierre avait exercé une primauté établie par le Christ, une telle division n’aurait pas eu lieu.

Tous ces éléments scripturaires confirment clairement que dans l’Église du Nouveau Testament, Pierre n’exerçait pas de suprématie ou d’autorité supérieure sur les autres apôtres. Il était certes un leader respecté et influent, mais il faisait partie d’un collège apostolique où l’autorité était partagée.

Conclusion

L’Écriture nous révèle donc que le véritable « Rocher » sur lequel l’Église est bâtie n’est pas Pierre, malgré son rôle important parmi les apôtres, mais Jésus-Christ lui-même. Lui seul est le fondement parfait et inébranlable de notre foi. Les preuves bibliques démontrent clairement que Pierre, bien qu’étant un apôtre de premier plan, n’a jamais exercé de primauté absolue sur l’Église primitive. C’est sur Christ, et Christ seul, que repose l’édifice spirituel de l’Église universelle.